8 octobre 2009

Comment évaluez-vous la performance de votre entreprise ?

Sur quoi vous basez-vous pour évaluer la performance de votre entreprise ?
- Les résultats obtenus ?
- Le PER de l’action ?
- La satisfaction client ?
- La qualité des produits ?
- La satisfaction du personnel ?

La bonne réponse ? Il n’y en a pas, c’est une question de choix. Encore faut-il les faire, les partager et s’y tenir !

J’ai récemment participé à un séminaire destiné à des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion sur le thème de la mise en œuvre d’une démarche Balanced Scorecard (BSC). Si l’ensemble des participants étaient sensibilisés et convaincus de la nécessité de la mise en œuvre d’une telle démarche, d’où leur présence, un consensus s’est exprimé pour faire part d’une difficulté d’adhésion de certaines directions générales à ce processus.

[Le Balanced Scorecard peut se définir comme un outil qui permet de décliner les objectifs stratégiques en un ensemble d’actions opérationnelles et d’indicateurs de performance. Il joue ainsi un rôle clé dans le pilotage opérationnel.]

Cette difficulté d’adhésion trouve son origine dans certaines pratiques :
- Une stratégie volontairement non propagée dans l’entreprise
- Une stratégie trop souvent évoquée en période d’établissement du budget seulement
- Un manque d’alignement dans les objectifs
- Une focalisation sur le passé et le court terme

Une stratégie volontairement non propagée dans l’entreprise

La peur de la perte de la confidentialité de la stratégie est évoquée par certaines directions générales pour en restreindre sa communication qu’à quelques initiés.

Il ne s’agit pourtant pas dans la démarche de pilotage de la performance de dévoiler les axes très confidentiels de la stratégie, la communication peut-être édulcorée et diffusée dans les objectifs sous-jacents. Dans tous les cas la stratégie doit-être connue par les acteurs de sa mise en application sinon elle ne peut trouver à se réaliser.

Une stratégie trop souvent évoquée en période d’établissement du budget seulement.

Malheureusement, nous constatons tous que le budget n’a que peu de lien avec la stratégie, il s’agit en fait, le plus souvent, d’un exercice, très chronophage, d’allocation de ressources et de gestion du compromis entre ce que l’opérationnel propose et ce que l’actionnariat impose.

Jack Welch, ancien Président de General Electric résume cela ainsi : « les gens travaillent pendant un mois sur leur tableaux et leurs présentations budgétaires pour annoncer à la direction générale qu’étant donné l’environnement économique et la situation concurrentielle le mieux qu’ils peuvent faire est 2. La Direction générale leur indique alors que les actionnaires attendent 4. On inscrit 3 au budget et chacun rentre chez soi heureux ». Le propos est un rien provocateur mais tellement plein de réalité.

En fait, indépendamment de l’aspect consensuel du budget, la stratégie n’est pas toujours traduite en objectifs chiffrés en liaison avec le budget ; et quand c’est le cas, elle n’est pas souvent traduite en indicateurs financiers et non financiers reliés entre eux par un lien de causalité permettant ainsi sa rationalisation.

Un manque d’alignement dans les objectifs

Les indicateurs existent dans l’entreprise, chaque département met d’ailleurs un point d’honneur à élaborer les siens et à évaluer sa performance sur des critères et selon des priorités qui ne sont pas forcément en connexion avec les objectifs stratégiques.

On arrive ainsi à développer une véritable encyclopédie d’indicateurs, parfois gardés jalousement par devers soi et donc ni partagés entre départements, ni vérifiés dans leur fiabilité jusqu’à leur présentation en « exclusivité » au prochain comité de direction. Indicateurs qui pourront être redemandés par la direction à un autre service pour s’assurer de la cohérence des données. Et l’on passe ainsi plus de temps à produire et contrôler des chiffres qu’à les analyser et, lorsqu'il y a du temps disponible, plus de temps dans l’analyse que dans l’anticipation.

Cela me rappelle un propos que j’avais lu quelque part : « le fait de se mesurer ne crée pas plus de valeur que le fait de se peser ne fait perdre du poids ! »

Car le point est bien là, la création de valeur est l'objectif commun à toute entreprise. Mais la valeur n’est créée que par la bonne exécution des décisions stratégiques. Une stratégie sans action n’est pas une stratégie. Il s’agit donc d’introduire dans l’exécution de la stratégie les mesures de la création de valeur et de communiquer aux opérationnels les objectifs à atteindre en relation avec la stratégie.

Une focalisation sur le passé et le court terme

Les réunions de présentation du reporting mensuel font partie de l’agenda de tout directeur financier. Tous les indicateurs financiers sont passés en revue. Les écarts sont analysés et commentés par rapport au mensuel N-1, au cumulé N-1, au budget mensuel N, au budget cumulé N, au « reste à faire » N par rapport au « reste à faire » N-1. A partir du second semestre on introduit également les écarts par rapport au « ré-estimé ». Et s’il reste du temps à cette réunion, un ou deux indicateurs non financiers de la période en cours seront communiqués pour indiquer la tendance du prochain reporting mensuel, ainsi aura-t-on fait preuve « d’anticipation ».

Communication, rationalisation de la stratégie, alignement stratégique, cohérence et anticipation sont donc autant de champs d’amélioration. Autrement dit passer de la culture du reporting, vision comptable de la performance à celle du tableau de bord vision prospective orientée vers l’action future.

Dans cette évolution culturelle le directeur financier a une opportunité à saisir pour renforcer son rôle de partenaire du management. Qu’en pensez-vous ?

Pour aller plus loin sur ce sujet je vous invite à parcourir le blog de Patrick Jaulent, Président du Balanced Sorecard Europe




7 commentaires:

  1. 3 axes complémentaire pour evaluer la performance :
    la satisfaction des clients,
    la satisfaction des actionnaires
    la satisfaction des employés

    les 3 sont necessaire et donner trop d'importance à un axe déquilibre le beau triangle isocèle

    Un moyen pour assurer cette performance : les processus

    des processus clairs, simples, maitrisés efficaces et efficients...

    le savant dosage de ces 3 axes, de ce moyen est l'exercie difficile. le DAF est il toujours le mieux placé pour resourdre ce subtil problème ?
    pourquoi pas un CPO Chief Performance Officer ?

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  2. On parle souvent en Balanced Scorecard des 4 « axes » également appelés « domaines » ou « perspectives ». Ces 4 axes illustrent le modèle générique proposé par Kaplan & Norton pour piloter la performance d’une organisation à but lucratif (l’entreprise). Vous pouvez naturellement ajouter un autre axe comme par exemple les actionnaires (au dessus de l’axe finance), l’environnement / communauté, la satisfaction des employés.

    Le modèle générique pour les organisations à but non lucratif (associations, administrations,..) est différent. Nous pouvons en parler si vous le souhaitez.

    Dans le modèle générique pour les organisation à but lucratif, les axes sont généralement appelés :

    - Finance,
    - Clients
    - Processus internes clés
    - Croissance et innovation ou structure apprenante ou capital immatériel.

    Les axes regroupent des objectifs, plus précisément les objectifs prioritaires de l’entreprise pour les 3, 4, 5,.. prochaines années. Un premier niveau d’équilibre est réalisé à ce niveau. Ainsi, la performance d’une entreprise n’est pas uniquement financière (conclusion du rapport qui a donné naissance à la BSC au début des années 80)

    La BSC ayant pour but de formaliser et d’exécuter les objectifs prioritaires de l’entreprise, deux types d’instruments sont donc utilisés. La carte stratégique (tm) pour formaliser ces objectifs et le tableau de bord prospectif équilibré pour les exécuter. Le terme Balanced Scorecard regroupe aujourd’hui ces deux instruments.

    L’évaluation des objectifs prioritaires formalisés sur la carte stratégique est assurée à l’aide d’indicateurs de performance (KPI). Un second niveau d’équilibre est réalisé à ce niveau.

    Ainsi le nombre d’indicateurs par objectif doit être limité. Un ratio de 1.5 à 1.2 est correct, soit pour un ratio de 1.5, 50 % de plus d’indicateurs que d’objectifs. C’est ainsi que l’on présentait les choses il y a encore quelques années.

    Cette approche a toutefois une lacune. Elle ne précise pas le type d’indicateur associé à l’objectif. Or, pour disposer d’un pilotage prospectif équilibré et proactif, il est nécessaire d’associer à chaque objectif un et un seul indicateur de résultat de type retardé (lagging indicator) auquel est associé un ou plusieurs indicateurs d’action de type avancé (leading indictor)

    Les indicateurs retardés sont utilisés par le « management » pour communiquer sur l’atteinte de l’objectif. Les indicateurs avancés sont utilisés par les opérationnels pour atteindre l’objectif via les initiatives (projets stratégiques). Le pilotage proactif est assuré par les indicateurs avancés associés à l’indicateur retardé.

    C’est ainsi que l’alignement (en terme de pilotage), est réalisé entre management et opérationnel.

    Juste une question

    Quelle est la différence fondamentale entre les approches EFQM, ISO 900x, 6 sigma,… et la Balanced Scorecard ?

    « Carte stratégique (tm) » est une marque déposée à INPI par Patrick Jaulent

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  3. Pourquoi la BSC ?
    Au niveau de l'entreprise étendue, les indicateurs utilisés pour le pilotage sont essentiellement financiers.

    Or, la performance n’est pas valorisée qu’au travers du prisme de la rentabilité. Les indicateurs financiers traduisent bien souvent des décisions passées. De plus, ceux-ci tendent à être influencés par la position des organisations (position des départements, des services) sur la courbe de vie du produit.

    On pourra ainsi entendre des questions telles que « pouvez-vous me dire pourquoi le nombre de réclamations clients ne fait qu'augmenter et pourquoi la situation financière se dégrade, alors que tous les indicateurs des processus sont au « verts » ? »

    Pour cette raison, au niveau opérationnel, la batterie d’indicateurs suivis par processus clés n’est ni pertinente ni suffisante pour l'animation et le pilotage du processus.
    Il est à signaler que les mesures centrales de performance sont généralement :
    -trop nombreuses ;
    -trop locales, car essentiellement centrées sur les résultats métiers (micro résultats) ;
    -toutes aux mêmes niveaux de priorité ;
    -décalées par rapport aux objectifs de l’organisme en termes de satisfaction de client (internes et ou externe) ;
    -sans lien direct avec l'engagement et l’efficacité des différents plans d’actions.
    Pr & Dr Rachid BOUTTI

    - Titulaire de la Chaire Euro Arabe Sustainable
    Development UPM (Union Pour la Méditerranée )
    - Expert Comptable
    - Consultant International Actif auprès de
    l'AUF USAID AXA BID
    - Responsable du Mastère international Métier
    de Conseil et Encadrement Supérieur
    (Programme Meda)
    - Auteur d'ouvrages nés mondiaux en management
    opérationnel et stratégique
    - Ex Directeur Administratif et Financier (CFO)
    de la multinationale ELF
    - Ex Chief Executif Officer du Holding
    Industriel Richbond

    Portail :http//www.controledegestion.org

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  4. Merci pour votre commentaire, Rachid

    La Balanced Scorecard (si correctement conçue) est normalement équilibrée. A savoir qu’elle comporte des objectifs et indicateurs associés de type : financier, mais également client, processus internes « clés » (j’insiste) et capital immatériel (informatique, ressources humaines). C’est d’ailleurs le premier niveau de « balance »

    Effectivement les indicateurs financiers illustrent une performance passée (lagging indicator) c’est d’ailleurs pour cela qu’il est conseillé d’associer un ou plusieurs indicateurs avancés (leading) à chaque indicateur retardés ; Je vous invite à lire mes articles sur le site cfo-news http://www.cfo-news.com/search/patrick+jaulent/
    (cf. pilotage proactif) ou sur mon blog http://objectifperformance.decideo.fr/

    Pour éviter d’avoir des mesures centrales de performante trop nombreuses (pour reprendre votre texte), il est donc également conseillé de centrer sa performance sur les processus clés, ceux qui portent les objectifs prioritaires de l'organisation. C’est du moins la vision du management.

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  5. En préambule, je voudrais émettre 2 principes de base :

    1) évaluer la performance d’une entreprise équivaut à évaluer en quelque sorte la qualité de ses données opérationnelles

    2) disposer d’une information fiable et sécurisée nécessite aussi que l’on puisse l’expliquer et surtout, très important, la justifier.

    Tout d’abord, je vous invite à vous reporter à ma réponse sur VIADEO dans le Hub "DAF & Contrôleurs de Gestion", rubrique "Offre de Services" suite à un message de Philippe MULARSKI "Vous avez dit DAF 2.0".

    En résumé, j’assimilais le conservatisme relevé par Philippe dans le vocabulaire des descriptions des postes de DAF par analogie à celui des systèmes de gestion sur lesquels doivent justement s’appuyer une grande partie des analyses, tableaux de bord, reportings, etc. Cela s'apparente parfois, et nous en avons la preuve, à une forme d'opacité dans la gestion des données stratégiques.

    Au sujet de mes propos sur "la difficulté endémique de justifier la valeur des stocks, des coûts de production et donc du résultat comptable", je précise que cela concerne les difficultés de mise en convergence des flux physiques avec leur traduction comptable.

    Concrètement, ces difficultés se traduisent par des dysfonctionnements majeurs au niveau des entreprises appartenant aux secteurs d’activité des industries manufacturière ou du commerce de gros et de détail, à savoir : impossibilité de déterminer des marges commerciales exactes car la valorisation des stocks et le calcul des coûts de production (pour les entreprises industrielles) sont approximatifs, voire bien souvent complètement faux.

    Le problème se situe dans la grande sensibilité à l’erreur des systèmes de valorisation générant des dérives imprévisibles et insoupçonnées. Les sources de dysfonctionnements sont multiples et peuvent se combiner entre-elles.

    Résultat : les systèmes de gestion génèrent en permanence des plus ou moins values de marge artificielles en gestion, créent ou détruisent de la valeur d’actif au bilan c’est-à-dire des valeurs non justifiées par une entrée ou une sortie du patrimoine avec comme conséquence une distorsion entre réalité économique de l’entreprise et son image financière, perte de performance inexpliquée, fragilisation des prévisions, etc.

    A ce sujet, ma société a développé un outil d’analyse et d’investigation permettant de lever les incertitudes résultant de ces difficultés de justifier une valeur des stocks et des coûts de production. Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez me contacter par mail : tci67mh@aol.com.

    On peut comprendre que l’existence de cette problématique et toutes leurs conséquences se traduisent dans les faits par 2 questions régulièrement évoquées dans les entreprises :

    1. pourquoi la marge brute en statistiques des ventes qu’annonce le Directeur Commercial est-t-elle différente de celle que constate le Directeur Financier en comptabilité ?

    2. où donc se cache le "loup" qui obscurcit l’horizon des décideurs en installant un doute dans leur esprit quant à la fiabilité des chiffres qui leur sont communiqués ?

    Ou pour reprendre la question que pose le Pr. Rachid BOUTTI dans son intervention : "Pourquoi la situation financière se dégrade, alors que tous les indicateurs des processus sont au « verts » ?".

    Les tentatives d’explication de ces "dérives" interpellent autant le management que les opérationnels car elles posent de nombreuses interrogations et instaurent surtout un doute quant à la qualité des chiffres produits. Cela se traduit, à mon avis, par un manque de dynamisme ou par des "difficultés d’adhésion" en faveur de la mise en œuvre de démarches comme la BSC par exemple (ou bien d’autres solutions du type de celles de la B.I.)

    Si ces observations ne concernent "que" les entreprises industrielles et commerciales, on dénombre tout de même, rien qu’en France, quelques dizaines de milliers d’entreprises dans ces secteurs d’activité !

    Michel HECK - Thémis Conception Informatique SAS

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  6. the performance of an enterprise relies on financial and non financial aspects of that enterprise.
    i think that depending on the industry and type of the enterprise,the later can analyse its operations and choose the various measures that best describe him to measure performance. whatever the methods choosen,the benchmarks to measure the performance must be well identified and analysed.
    many companies fail in doing that.not all enterprises are the same : if the management by objectives has worked for one enterprise in the oil industry does not mean that every firm in the oil industry will succeed in using the same management style.and generally managers are a bit enclosed in their era.the real problem even, i think come from organisation chart or structure. in the great majority of firms,the organisation chart are almost the same.and i think the business world in that area must be more preoccupied and try to evolve.
    however,i think the success and good perfomance of any enterprise start with planning.an enterprise which plan its activities and resources according to its objectives and goals will minimise risks and easily identify area of lapses.
    in summary there is no standard performance measures ,it depends on the firm type and environment of operations

    jacky
    mocheujacky@yahoo.fr

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  7. Certes la donnée doit être fiable, mais l’on doit également mesurer les « bonnes choses ».

    Je me souviens d’une société immobilière qui mesurait le nombre de visites d’un bien (maison, appartement,..). Il y avait de très jolis graphiques; Les commerciaux avaient même une prime en fonction du nombre de visites réalisées.

    Devant cet indicateur (avec des données fiables par jour / semaine / mois) j’ai demandé au responsable de l’agence immobilière ce qu’il voulait connaître pour déclencher les actions appropriées : le nombre de visites effectuées ou le nombre de clients potentiels pour ensuite évaluer le nombre de bons ou mauvais clients potentiels (n’ayant pas les ressources nécessaires par exemple) afin de faire une offre sur la bonne cible et éviter de perdre son temps...

    Oui, la données doit être fiable, mais on doit mesurer les bonnes choses.

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